Médiations Thérapeutiques en Protection de l’Enfance

Lorsque un(e) professionnel(le) marche aux côtés d’un enfant ayant subi des maltraitances indicibles, il appréhende souvent l’âpreté de la tâche mais également la longue patience dont il va devoir faire preuve. Le besoin fort d’une équipe en soutien émerge alors pour tenir la distance et supporter les échecs multiples. Les professionnels en Protection de L’Enfance comprennent ainsi assez rapidement que les plus grands traumatismes s’avèrent être les plus silencieux de par leur sévérité, leurs confusions (ils sont souvent pluriels) mais également parce qu’ils adviennent parfois avant le langage. Les mots ne fonctionnent plus pour nommer et différencier les émotions, pour dire l’origine de la douleur ou préciser l’identité des auteurs…

Puis sur ce chemin compliqué, l’enfant caresse la mousse verte au pied d’un arbre, lance 2 avions de papier dans le vide et en protège un dans une petite cabane de bois. La petite fille hurle lorsque le pantalon est bleu puis chantonne lorsque la chemise est verte. Elle place un personnage féminin en haut d’un toit et qui tombe sans cesse. Une autre petite fille tout juste sortie de sa vie de nourrisson montre les cicatrices sur le corps de son éducatrice. Au début, tout cela s’avère si ténu et discret, parfois lancé au milieu d’un flot de comportements agités, qu’il est difficile de récolter ces petites perles. Pour autant, les professionnels réussissent à comprendre qu’une histoire commence à se raconter et qu’un apaisement est possible. Surtout, le professionnel comprend qu’il s’agit d’une double création qui s’accroche : celle de l’enfant qui se bat pour sortir d’un tourbillon de perceptions et l’adulte qui propose une traduction, une compréhension. Les 5 sens mis en éveil suscitent ces créations, génèrent un caractère fédérateur si essentiel dans nos institutions parfois en souffrance.

Ce sont toutes ces histoires vécues qui ont donné l’envie à la délégation Grand Est de l’Afirem de travailler la question des médiations thérapeutiques et de revenir à leurs fondations. Surtout, nous souhaitons redire combien l’enfant, sa famille et tout professionnel peuvent expérimenter un pouvoir d’agir et tenter de maitriser les surgissements traumatiques imprévisibles. L’enfant nous dit aussi que des zones de silence doivent être respectées, que leur dévoilement devra patienter.